L’information virale
Le 11 décembre 2024, à 7h50, la page Facebook Tiako i Madagasikara – TIM Alasora, a publié une courte vidéo, qui témoigne d’un attroupement dans l’enceinte d’un garage appartenant à un particulier dans le quartier d’Amboaroy, commune d’Alasora. Dans cette vidéo, l’on peut voir deux femmes, d’un âge assez avancé, sortir du garage en question. Interrogées, elles ont déclaré être des riveraines d’Amboaroy. Après quelques minutes de discussion, les deux femmes, munies de leur carte électorale et de leur carte d’identité nationale, indiquent avoir été convoquées par le propriétaire du garage, qui leur aurait promis la somme de 5000 ariary en échange de leur vote en faveur d’un candidat-maire à Alasora. Pour sa part, l’individu derrière la caméra affirme que d’autres personnes auraient été aperçues dans le domicile mais auraient pris la fuite. Il affirme également que des éléments de la Gendarmerie nationale était en route, et que les deux femmes interviewées devraient attendre l’arrivée des éléments des FDS, pour être entendues en tant que témoins de ces allégations d’achat de voix. A noter que la vidéo en question a fait l’objet de plus de 900 partages sur différents profils Facebook, notamment dans les groupes de discussion à forte audience, telles que “Ndao Handalina Politika Avo Lenta”, “VAOVAO MALAZA OFISIALY” ou encore “24h Mada”.
Notre processus
Y a-t-il eu des cas de corruption électorale le jour des élections à Alasora? Quels indices permettent d’identifier les achats de voix ? Pour répondre à ces questions, notre journaliste partenaire a mené une enquête de fact-checking au siège de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), ainsi que dans divers quartiers de la localité durant le jour j du scrutin.
Notre enquête
Soava Andriamarotafika, Rapporteur général de la CENI, a déclaré ne pas avoir été informé de cet incident. Il a rappelé que les faits de corruption électorale sont prohibés tant par les lois électorales que par le droit commun. Il a encouragé ceux disposant de preuves à déposer une plainte auprès des autorités compétentes.
Vololonirina Randrianarivelo, Chef du Fokontany d’Amboaroy, a affirmé ne pas être informée de ces allégations, étant absorbée par ses responsabilités au sein du centre de vote local.
Nirina et Vaosolo, résidentes d’Amboaroy, ont mentionné avoir entendu parler d’un incident survenu le jour du scrutin. Vers 8 heures, un groupe de personnes se serait rassemblé dans une propriété privée. Alertés, des riverains se sont regroupés à l’extérieur, provoquant la fuite des individus concernés. Selon certains témoins interrogés, leur présence était liée à l’achat de porc(s). Nirina et Vaosolo n’ont toutefois ni confirmé, ni infirmé les accusations de corruption électorale.
Tiana, un habitant du Fokontany d’Ifarihy, commune d’Alasora, a indiqué n’avoir eu connaissance d’aucune pratique de ce genre.
Un résident de la localité d’Amboaroy présent sur les lieux le 11 décembre au matin, , mais qui n’a pas voulu mentionner son identité, affirme ne pas disposer de preuves concernant un achat de voix. Il indique néanmoins avoir pris des photos et vidéos d’individus en fuite.
Des éléments des forces de défense et de sécurité, déployés à Alasora, n’ont ni confirmé ni infirmé ces allégations. Ils précisent avoir limité leur intervention à des missions de maintien de l’ordre.
Notre conclusion
Les éléments récoltés sur le terrain et le manque de preuves tangibles ne permettent pas de confirmer les allégations sur des achats de voix à Alasora, qui restent non-prouvées.