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ALERTE : Discours subversifs appelant à la désobéissance militaire et à l’élimination ciblée de figures publiques

Des publications au ton alarmiste, établissant un parallèle entre la visite d’État du président français Emmanuel Macron à Madagascar, dans le cadre du Sommet de la Commission de l’Océan Indien, et un épisode marquant de l’histoire coloniale, circulent dans plusieurs groupes de discussion publics à forte audience sur Facebook, tels que INO VAOVAO DIEGO (149 400 membres). Ces publications mettent en avant ce qu’elles présentent comme une stratégie délibérée : la coïncidence entre la date du 23 avril 2025, déclarée chômée et payée par l’Etat malgache, et le 130e anniversaire du débarquement des troupes françaises à Majunga en 1895 ne relèverait d’aucun hasard.


Le texte est accompagné de quatre images. La première illustre le débarquement des troupes françaises le 23 avril 1895 à Majunga, suivi, le 1er octobre de la même année, de la signature du traité de protectorat. Les deux autres images s’apparentent à des tracts contenant des rumeurs visant de hauts gradés de l’Armée et des figures de proue du régime en place. On y trouve également des messages d’incitation à la haine, d’apologie de violence, ainsi que des menaces explicites à l’encontre des forces de l’ordre et des autorités politiques. Ces contenus, massivement partagés, contribuent à alimenter un climat de tension, de défiance et de spéculations géopolitiques. La dernière image, quant à elle, fait appel à une manifestation populaire sur la Place du 13 mai, le 22 avril 2025 à 10 heures.

Ci-après le contenu de la deuxième image:

Traduction : FRÈRES D’ARMES, SANS DISTINCTION
LA POURSUITE CONTRE NOUS, MILITAIRES, CONTINUE TOUJOURS.
COMBIEN D’ENTRE NOUS ONT DÉJÀ ÉTÉ EMPRISONNÉS PAR LE CEMA (Général DERA, LE LÈCHE-BOTTES) ET PAR LE Ministre des Forces Armées (Général SAHIVELO) ?
COMBIEN D’ENTRE NOUS ONT ÉTÉ DÉTRUITS PAR CES DEUX-LÀ JUSTE POUR QU’ILS PUISSENT GARDER LEUR PLACE ?
MAINTENANT C’EST LE MÉDECIN COLONEL PATRICK QUI EST POURCHASSÉ, ACCUSÉ DE PRÉPARER UN COUP D’ÉTAT, ET MÊME SA FEMME ET SES ENFANTS SONT MENACÉS D’ARRESTATION.
JUSQU’À QUAND ALLONS-NOUS, MILITAIRES, NOUS LAISSER MARCHER DESSUS PAR CES GENDARMES ?
JUSQU’À QUAND ALLONS-NOUS ACCEPTER D’ÊTRE ÉCRASÉS COMME ÇA PAR LES GENDARMES ?
SOMMES-NOUS DE VRAIS HOMMES OU DES FEMMES DÉGUISÉES EN JUPES ?
À VOUS, JEUNES OFFICIERS FRAÎCHEMENT SORTIS DE FORMATION, RAPPELEZ-VOUS QUE LA CARRIÈRE DE CES DEUX INDIVIDUS INUTILES EST DÉJÀ TERMINÉE.
C’EST VOUS QUI ALLEREZ BIENTÔT PORTER CETTE ARMÉE, ALORS PROTÉGEZ L’AVENIR DE CETTE ARMÉE QU’ILS CHERCHENT À DÉTRUIRE EN CE MOMENT.
LEVONS-NOUS, ET QUE CES GENS-CI SOIENT LES PREMIÈRES CIBLES DÈS QUE TOUT EXPLOSERA :
ANDRY NIRINA RAJOELINA
MAMY RAVATOMANGA
NTSAY CHRISTIAN
GCA (Général de Corps d’Armée) RAVALOMANANA RICHARD
MINISTRE DE LA GENDARMERIE
MINISTRE DE LA DÉFENSE NATIONALE
COMGN (Commandant de la Gendarmerie nationale)
CEMA (Chef d’état-major des Armées)
– ET LEURS PROTECTEURS QUI SERONT NOMMÉS ICI PROCHAINEMENT, HOMMES OU FEMMES.
SURVEILLEZ DÈS MAINTENANT LES ÉPOUSES ET ENFANTS DES PERSONNES MENTIONNÉES CI-DESSUS, CAR ILS FERONT TOUS PARTIE DES FUTURES CIBLES.
CE SONT DES GENS DE CHEZ NOUS QUI LES PROTÈGENT.
ILS ACHÈTENT VOTRE SILENCE AVEC LEUR ARGENT, SOLDATS, GENDARMES ET POLICIERS QUI CONTINUEZ À LES DÉFENDRE : ABANDONNEZ-LES, SINON C’EST VOTRE VIE QUI SERA PRISE ENSUITE.
NE SACRIFIEZ PAS VOTRE VIE POUR LES PROTÉGER, MÊME SI L’ARGENT EST TENTANT.
NOUS N’ATTENDONS QU’UNE CHOSE DE VOUS TOUS : QUE VOUS FASSIEZ ENTENDRE VOTRE VOIX ET VOUS SOUTENIEZ ENTRE VOUS, MAIS QUE VOUS REFUSIEZ DÉSORMAIS D’EXÉCUTER LES ORDRES DE CES GENS-LÀ.
EN AVANT !! L’UNION FAIT LA FORCE
LE PEUPLE MALGACHE NOUS ATTEND.
LA NATION, AUJOURD’HUI EN TRAIN DE SOMBRER DANS LA MISÈRE, NOUS ATTEND.

Typologie de discours: Le discours analysé dans ce tract relève principalement des menaces et intimidations, en raison des avertissements explicites adressés aux forces armées malgaches, notamment aux hauts responsables militaires et aux jeunes officiers. Le texte appelle à la désobéissance et à la rébellion au sein de l’armée, tout en désignant nommément plusieurs personnalités politiques et militaires comme « premières cibles » en cas de soulèvement. Il appelle à surveiller et viser les épouses et enfants de ces responsables, ce qui constitue une intimidation grave, ciblée et préméditée.

Ci-après le contenu de la troisième image:

Traduction : MES FRÈRES DE L’ARMÉE, SANS DISTINCTION
LA POURSUITE CONTRE NOUS, MILITAIRES, CONTINUE TOUJOURS.
COMBIEN D’ENTRE NOUS ONT DÉJÀ ÉTÉ EMPRISONNÉS PAR LE CEMA (GAL. DERA, LE LÈCHE-BOTTES) ET PAR LE MFA (GAL. SAHIVELO) ?
COMBIEN D’ENTRE NOUS ONT ÉTÉ DÉTRUITS PAR CES DEUX-LÀ JUSTE POUR QU’ILS PUISSENT GARDER LEUR PLACE ?
MAINTENANT C’EST LE MÉDECIN COLONEL PATRICK QUI EST POURCHASSÉ, ACCUSÉ DE PRÉPARER UN COUP D’ÉTAT, ET MÊME SA FEMME ET SES ENFANTS SONT MENACÉS D’ARRESTATION.
JUSQU’À QUAND ALLONS-NOUS, MILITAIRES, NOUS LAISSER MARCHER DESSUS PAR CES GENDARMES ?
JUSQU’À QUAND ALLONS-NOUS ACCEPTER D’ÊTRE ÉCRASÉS COMME ÇA PAR LES GENDARMES ?
SOMMES-NOUS DE VRAIS HOMMES OU DES FEMMES DÉGUISÉES EN JUPES ?
À VOUS, JEUNES OFFICIERS FRAÎCHEMENT SORTIS DE FORMATION, RAPPELEZ-VOUS QUE LA CARRIÈRE DE CES DEUX INDIVIDUS INUTILES EST DÉJÀ TERMINÉE.
C’EST VOUS QUI ALLEREZ BIENTÔT PORTER CETTE ARMÉE, ALORS PROTÉGEZ L’AVENIR DE CETTE ARMÉE QU’ILS CHERCHENT À DÉTRUIRE EN CE MOMENT.
LEVONS-NOUS, ET QUE CES GENS-CI SOIENT LES PREMIÈRES CIBLES DÈS QUE TOUT EXPLOSERA :
– ANDRY NIRINA RAJOELINA
– MAMY RAVATOMANGA
– NTSAY CHRISTIAN
– GCA (Général de Corps d’Armée) RAVALOMANANA RICHARD
– MINISTRE DE LA GENDARMERIE
– MINISTRE DE LA DÉFENSE NATIONALE
– COMGN (Commandant de la Gendarmerie nationale)
– CEMA (Chef d’état-major des Armées)
– ET LEURS PROTECTEURS QUI SERONT NOMMÉS ICI PROCHAINEMENT, HOMMES OU FEMMES.
SURVEILLEZ DÈS MAINTENANT LES ÉPOUSES ET ENFANTS DES PERSONNES MENTIONNÉES CI-DESSUS, CAR ILS FERONT TOUS PARTIE DES FUTURES CIBLES.
CE SONT DES GENS DE CHEZ NOUS QUI LES PROTÈGENT.
ILS ACHÈTENT VOTRE SILENCE AVEC LEUR ARGENT, SOLDATS, GENDARMES ET POLICIERS QUI CONTINUEZ À LES DÉFENDRE : ABANDONNEZ-LES, SINON C’EST VOTRE VIE QUI SERA PRISE ENSUITE.
NE SACRIFIEZ PAS VOTRE VIE POUR LES PROTÉGER, MÊME SI L’ARGENT EST TENTANT.
NOUS N’ATTENDONS QU’UNE CHOSE DE VOUS TOUS : QUE VOUS FASSIEZ ENTENDRE VOTRE VOIX ET VOUS SOUTENIEZ ENTRE VOUS, MAIS QUE VOUS REFUSIEZ DÉSORMAIS D’EXÉCUTER LES ORDRES DE CES GENS-LÀ.
EN AVANT !! L’UNION FAIT LA FORCE
LE PEUPLE MALGACHE NOUS ATTEND.
LA NATION, AUJOURD’HUI EN TRAIN DE SOMBRER DANS LA MISÈRE, NOUS ATTEND.

Typologie de discours : Le discours analysé relève notamment de l’apologie de violence à grande échelle, en raison d’appels explicites à la révolte armée, à la traque ciblée de dirigeants civils et militaires, et à une insurrection présentée comme une réponse légitime à la répression du régime. Il dresse un clivage radical entre une armée présentée comme victime et un pouvoir politique qualifié d’oppresseur, et incite à une réaction violente collective. Il comporte également des éléments manifestes d’incitation à la haine fondée sur l’idéologie politique, en désignant nommément des personnalités du régime comme ennemis à éliminer. S’y ajoutent des menaces dirigées contre les proches (épouses et enfants) des personnes ciblées, relevant d’une apologie de violence élargie, avec un appel explicite à considérer ces civils comme des cibles futures.

        Impacts et dangers potentiels :

        • Incitation manifeste à l’insurrection armée : l’appel explicite à la désobéissance hiérarchique, adressé aux jeunes officiers et soldats, crée un terreau favorable à une mutinerie militaire, fragilisant la cohésion des forces armées et augmentant le risque de soulèvement violent contre le pouvoir établi.
        • Ciblage prémédité de figures civiles et militaires : la désignation nominative de dirigeants politiques, de hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie, ainsi que de leurs proches, comme “premières cibles”, constitue une incitation à la haine et à l’élimination physique, pouvant déboucher sur des violences ciblées et planifiées.
        • Menace directe à la sécurité des familles des forces de l’ordre : les appels à surveiller et viser les épouses et enfants de responsables constituent une menace grave, systémique, et préméditée, renforcée par la possible circulation de données sensibles (adresses, habitudes), accentuant la vulnérabilité des civils associés aux autorités.
        • Climat d’intimidation et de peur interne aux corps habillés : en dénigrant publiquement certains chefs militaires, en appelant à leur éviction violente et en stigmatisant leurs proches, les discours cherchent à fracturer les chaînes de commandement et à instaurer un climat de défiance, de tension et de terreur dans les rangs.
        • Exacerbation de la polarisation politique et idéologique : la présentation des dirigeants comme traîtres à la nation et destructeurs de l’armée, associée à des injonctions viriles (“vrais hommes”) et à la glorification du “redressement national”, contribue à radicaliser les perceptions et à normaliser l’idée d’une réponse violente, légitime et nécessaire.
        • Manipulation émotionnelle sur fond de détresse nationale : l’invocation de la misère du peuple malgache et la mise en scène d’une armée persécutée servent à justifier une rébellion présentée comme un devoir patriotique, renforçant l’adhésion émotionnelle à un discours de rupture violente avec l’ordre établi.
        • Circulation virale des appels à la rébellion sur les réseaux sociaux : la diffusion rapide et massive de ces tracts via des canaux numériques démultiplie leur impact, favorise leur réception dans des sphères militaires ou radicalisées, et accroît le risque de passage à l’acte en rendant la propagande plus accessible, plus légitime et plus difficile à contenir.

        Recommandations :

        • Renforcer l’éducation aux risques légaux liés aux contenus subversifs : conformément à l’article 20 de la Loi n°2016-031 sur la cybercriminalité et aux articles 91 et 92 du Code pénal, toute diffusion de contenus incitant à la rébellion, proférant des menaces ou visant à déstabiliser l’ordre constitutionnel expose le diffuseur à des poursuites pénales. Une meilleure compréhension de ces textes par le grand public permettrait de limiter les relais inconscients de discours menaçants ou violents.
        • Former les administrateurs de groupes à la modération éthique et légale : bien qu’ils ne soient pas toujours les auteurs des messages partagés, les administrateurs jouent un rôle central dans la régulation des discussions. Ils doivent être sensibilisés à leur responsabilité juridique (cf. article 23 de la Loi sur la cybercriminalité), mais aussi aux enjeux sociaux liés à la circulation d’appels à la haine ou à la violence.
        • Développer une culture du signalement et de l’alerte citoyenne : promouvoir une vigilance partagée et une responsabilisation des utilisateurs est essentiel pour empêcher la propagation de contenus qui franchissent la limite entre critique politique légitime et appel à la sédition ou aux représailles. Cela suppose des campagnes d’information accessibles sur les mécanismes de signalement et leurs effets.
        • Valoriser une consommation critique des contenus à charge émotionnelle : les tracts analysés mobilisent des figures historiques, des mots-clés symboliques et un langage dramatique pour produire un effet d’adhésion immédiat. Il convient d’enseigner aux usagers à repérer ces procédés, à questionner les intentions des auteurs et à distinguer l’information du discours manipulatoire.
        • Intégrer les enjeux de sécurité publique dans les formations aux médias : les messages appelant à viser les familles des forces de l’ordre ou à renverser le pouvoir en place dépassent le cadre du débat d’idées. Les programmes d’éducation aux médias devraient inclure une réflexion sur la frontière entre expression radicale et mise en danger réelle d’individus ou d’institutions.
        • Outiller les citoyens à l’analyse des récits historiques instrumentalisés : face aux discours qui utilisent des références historiques pour justifier des actes contemporains violents, il est crucial de développer des compétences d’analyse historique critique, en déconstruisant les analogies abusives et les simplifications identitaires.
        • Encourager la production de contre-discours informés et responsables : les journalistes, influenceurs et membres de la société civile doivent être encouragés à produire des contenus alternatifs, fondés sur des faits, respectueux des lois, et capables de désamorcer les appels à la haine. Ces discours peuvent agir comme des antidotes dans un environnement polarisé, sans pour autant censurer les expressions de désaccord ou d’indignation.

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