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ALERTE : Avalanche de propos sexistes contre l’artiste Meizah

Depuis le vendredi 14 mars, une série de vidéos intimes de la chanteuse et entrepreneuse Meizah, de son vrai nom Razanakolona Mandasoa Fanomezana, a commencé à circuler en message privé sur Facebook. Rapidement, l’affaire a suscité une vague de réactions de la part de milliers d’internautes, avec des avis largement controversés.

D’un côté, certains dénoncent un abus sexuel. Des associations, des influenceurs et des personnalités publiques condamnent une atteinte à la dignité humaine et une violence faite aux femmes. Le 19 mars, le ministère de la Communication et de la Culture a réagi en appelant à un usage responsable des réseaux sociaux. Au micro de la Télévision nationale, Mara Volamiranty Donna a rappelé l’illégalité du partage de ce type de contenu.

D’un autre côté, des internautes malveillants profitent de la situation pour extorquer de l’argent, proposant aux personnes n’ayant pas vu les images de leur envoyer contre paiement. Parallèlement, plusieurs utilisateurs prennent directement l’artiste pour cible, l’accusant d’être en partie responsable en raison de son état d’ébriété et de sa personnalité jugée “provocatrice”.

A noter que le cas de Meizah n’est pas un cas isolé. Selon les données de l’INSTAT (Institut National de la Statistique) et United Nations Population Fund (UNFPA) en 2023, une (1) femme sur trois (3) a déjà été victime de violences basées sur le genre. En outre, plus de 60 % des femmes malgaches déclarent avoir déjà été victimes de cyber harcèlement.

Le 21 mars, Meizah sort de son silence et révèle dans les colonnes du média Radio France Internationale (RFI) que les faits remontent à septembre 2022, lorsqu’elle était sortie d’un karaoké à Antananarivo en état d’ébriété. Elle affirme avoir été violée dans une voiture par deux hommes et avoir découvert les faits des années plus tard, en recevant une vidéo anonyme. Avant leur diffusion, des individus lui auraient demandé une rétribution en échange de la suppression des vidéos. L’artiste a déposé plainte pour viol, chantage ainsi que diffamation en ligne.

Depuis ces révélations, les discours haineux et sexistes à son encontre se sont multipliés.

Traduction : Ces femmes chanteuses qui viennent de la côte sont toutes des nymphos, regardez comment elle s’habille.

Traduction :

  • C’est une femme et elle se permet d’être saoule , elle a eu quel genre d’éducation celle-là
  • Souvent, ça se voit directement à travers son apparence, une femme avec un tatouage n’est pas respectable, elle cache un caractère.
  • Et celles qui se colorent leurs cheveux aussi

Traduction:

  • Elle, c’est vraiment une femme facile, mais là elle ne fait que berner l’État et les femmes, en plus une alcoolique. Tu es con si tu t’entêtes à l’épouser.
  • C’est la vérité , elle est expérimentée, regardez le tatouage sur son corps , ça saute aux yeux.
  • Vous aurez affaire à moi, vous qui défendrez cette prostituée et qui paie pour sortir avec des gars. Allez partagez cela au maximum, Vu qu’elle est issue des hautes terres, vous voulez faire taire l’histoire mais si elle était une côtière, vous l’auriez traitée de prostituée. Pour cette fois-ci c’est à votre tour les “Borizano”

Traduction:

  • L’alcool te rend inconscient si tu en bois en grande quantité. On peut ne pas jeter la faute sur la drogue quand on est inconscient. Une femme qui boit = femme baisable = femme manipulable= femme marionnette = femme non mariable
  • Pour moi si une femme mature aime s’habiller légèrement en public , c’est clair que c’est une nymphomane ! Et elle le cherche vraiment!

Traduction :

  • Ce gros tatouage sur ses fesses , à qui elle va le montrer, c’est clair que c’est une fille facile
  • Elle devrait subir une lapidation à mort car elle a trompé son mari alors qu’ils sont unis par le mariage.

Typologies de discours:

  • Propos sexistes et misogynes rabaissant les artistes féminines issues des zones côtières, les réduisant à une image hyper sexualité et suggérant que leur tenue ou leur comportement relèveraient de la provocation ou de l’indécence.
  • Discrimination envers les femmes issues des zones côtières associant leur origine à un manque de respectabilité.
  • Incitation à la violence, à une punition violente, contre une femme pour son comportement.
  • Stéréotypes sexistes réduisant les femmes à leur apparence et à leur comportement perçu comme « moralement acceptable » : association la consommation d’alcool et le choix vestimentaire à une absence de respectabilité, insinuant que certaines attitudes justifieraient les violences subies.

Impacts et dangers potentiels :

  • Encouragement à la haine et au harcèlement en ligne : ces propos sexistes banalisent les attaques et incitent d’autres personnes attaquer la victime, encourageant un effet de “meute”
  • Encouragement à la culture du viol en incitant les membres de la communauté à excuser les violences sexuelles sous prétexte d’ébriété ou de choix vestimentaire.
  • Ancrage des stéréotypes sexistes et discriminatoire dans l’esprit des membres de la communauté en ligne, les conduisant à y croire et à les répéter. Ces comportements forcent les femmes à s’autocensurer, à craindre le regard des autres accentuant les inégalités et les amènent également à croire que provenir d’une région côtière est dévalorisant.
  • Risque de radicalisation de discours : la haine virtuelle peut facilement évoluer en appel à la violence et en menaces réelles pour la victime
  • Répercussions sur la santé mentale de la cible

Recommandations :

  • Renforcer les campagnes de sensibilisation et d’éducation sur les violences basées sur le genre, notamment en multipliant les initiatives visant à déconstruire les stéréotypes sexistes et à promouvoir une culture de l’égalité et du respect. Cela afin de contribuer à un changement progressif des mentalités, en ciblant aussi bien les jeunes générations que les adultes.
  • Encouragement d’une meilleure régulation des contenus en ligne.
  • Les dispositifs de soutien aux victimes de violences numériques doivent être renforcés. Il s’agit, entre autres, d’offrir des solutions d’accompagnement psychologique, juridique et social adaptées permettant d’aider les personnes ciblées à mieux faire face aux conséquences de tels agissements en ligne et à accéder aux recours disponibles.
  • Sensibilisation des internautes aux conséquences des discours en ligne en mettant en avant l’impact des propos haineux et en encourageant une réflexion sur les responsabilités individuelles dans les interactions numériques.
  • Diffuser des contre-discours positifs et inclusifs valorisant le respect, la diversité et l’égalité, notamment par le biais des médias, des influenceurs et des organisations de la société civile afin de contribuer à déconstruire les préjugés et à créer un espace d’échange plus constructif.
  • S’inspirer du Guide pour une communication inclusive publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) qui met l’accent sur le respect de la dignité des victimes. Il encourage l’adoption de pratiques éthiques en évitant la diffusion d’images susceptibles de porter atteinte à leur intégrité dans les publications en ligne et les journaux, afin de prévenir toute revictimisation et de promouvoir une communication respectueuse.

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