
Traduction : Lutte contre la dictature et les intimidations exercées par les dirigeants ici à Diego.
Nous appelons tous les étudiants des universités publiques et privées, les jeunes dans leur ensemble, ainsi que les parents qui ressentent que la situation a dépassé les limites du supportable.
Rassemblons-nous et descendons dans la rue aujourd’hui à 15h, au Ritz. Que chacun apporte des armes : fusils, machettes, haches, barres de fer, essence, pétards, ou tout ce que nous pouvons avoir, car nous allons nous battre.
Même si nous devons tous être arrêtés et emprisonnés, qu’il y ait au moins des informations qui circulent.
Nous ne resterons pas inactifs si nos professeurs et notre maire ne reprennent pas librement leurs fonctions et si Djavojozara n’est pas libéré.
Mort ou vif, c’est la seule solution. Appelez tout le monde et rendez-vous au Ritz à 15h aujourd’hui.
Typologie de discours : Discours explicite d’apologie de violence et d’incitation à l’insurrection contre les dirigeants de la ville de Diego Suarez
Contexte : Cette publication, émise le 10 février 2025, a été relayée dans un groupe de discussion à forte audience sur Facebook. Elle s’inscrit dans un contexte social et politique tendu, marqué par l’arrestation de Rado Rakotobe, enseignant à l’Institut Supérieur de Technologie et à l’Ecole Supérieure Polytechnique d’Antsiranana, survenue le 10 février 2025 sur la place Foch, devant la mairie de la ville de Diego Suarez. A noter que ce dernier s’est insurgé contre la nomination d’un président de délégation spéciale (PDS), Tina Edmond, à la tête de la commune urbaine d’Antsiranana, en remplacement du maire élu, Jean-Luc Djavojozara. Ce dernier, élu avec 65 % des suffrages, n’a pas encore pris ses fonctions, affirmant qu’il « craint pour sa sécurité ». Il a déposé une requête en annulation de la nomination du PDS ainsi qu’une demande de sursis à exécution, qui semblent n’avoir pas été prises en compte par le pouvoir en place. Cette situation a provoqué une frustration croissante parmi ses électeurs. L’arrestation de Rado Rakotobe a exacerbé les tensions, une partie des habitants d’Antsiranana y voyant une atteinte à la liberté d’expression. Le discours appelle à un soulèvement armé sous le prétexte de dénoncer une prétendue dictature et de soutenir la libération de l’enseignant et l’arrêt des poursuites contre Jean-Luc Djavojozara. Le texte cible plusieurs groupes, notamment les étudiants, les jeunes et les parents, et les incite à se mobiliser avec des armes pour affronter le régime en place. L’appel à la mobilisation en faveur des deux personnalités résonne au sein de la population, et ce message, qui emprunte un langage militaire, accentue la dimension conflictuelle en appelant à un rassemblement sur la place du Ritz.
Impacts et dangers potentiels :
- Exacerbation des tensions politiques et risques de violences : Ce type de discours nourrit un climat déjà fragile. L’incitation à l’usage d’armes et à l’affrontement physique risque de provoquer des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, mettant en danger la population et renforçant la polarisation politique.
- Menace sur la stabilité institutionnelle et démocratique : Un appel ouvert à l’insurrection remet en cause les institutions du pays et compromet les efforts de dialogue. Une escalade de la violence pourrait entraîner une réaction plus stricte des autorités, alimentant un cycle de répression et de contestation.
- Amplification via les réseaux sociaux : Ces plateformes permettent une diffusion rapide de messages violents, renforçant la radicalisation et les divisions sociales. L’effet de viralité donne une portée élargie à ces propos, rendant leur contrôle plus difficile.
Recommandations :
- Encadrer la modération des contenus en ligne : Les administrateurs des plateformes numériques doivent veiller à l’application des règlements contre l’incitation à la violence. Une surveillance proactive permettrait d’intervenir rapidement et de limiter la propagation de discours dangereux.
- Appel à la responsabilité des acteurs politiques : Les figures politiques, y compris celles de l’opposition, sont invités à promouvoir des discours apaisés et encourager des solutions pacifiques aux tensions existantes. Une démarche constructive peut prévenir l’escalade des conflits et contribuer à la stabilité sociale.
- Application des dispositions légales : L’article 26 du Code de la communication médiatisée interdit l’incitation à la violence par les canaux de communication. Une meilleure sensibilisation à cette réglementation permettrait de responsabiliser les utilisateurs des réseaux sociaux et d’encourager le respect du cadre légal.
- La situation actuelle à Antsiranana témoigne d’un climat politique tendu, où l’usage de discours extrêmes peut avoir des conséquences graves. Il est crucial d’adopter une approche favorisant le dialogue et la concertation pour prévenir l’engrenage de la violence et préserver la cohésion sociale.