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Entre faits sanitaires et récits viraux : Décryptage des réactions autour des intoxications mortelles

Depuis la soirée du 14 juin 2025, une intoxication mortelle survenue lors d’un anniversaire à Ambohimalaza Imerinkasinina suscite une vague d’émotions et de réactions en ligne. Plusieurs dizaines de jeunes convives ont été évacués d’urgence vers des hôpitaux de la capitale, après avoir ressenti des symptômes graves peu après le repas. Le lendemain, les bilans faisaient déjà état de plusieurs décès. Au fil des jours, le nombre de victimes s’est alourdi, pour dépasser la vingtaine à la date du 21 juin.

Très vite, le drame a enflammé les réseaux sociaux. Des témoignages, des chiffres approximatifs et des récits contradictoires ont commencé à circuler. Certains utilisateurs partagent des versions non confirmées, d’autres s’emparent de l’affaire pour exprimer leur défiance envers les autorités ou pour appuyer des discours alarmistes. La tension s’est accrue à la suite de cas similaires rapportés à Mahajanga, Toamasina ou Ambositra, contribuant à installer un climat de confusion et de méfiance. Dans ce flot d’informations, les frontières entre faits avérés, interprétations personnelles et manipulations intentionnelles deviennent difficiles à tracer.

Face à l’ampleur de la crise et à la charge émotionnelle qu’elle a suscitée, les réseaux sociaux ont été rapidement saturés de messages, partagés le plus souvent sans vérification. Tandis que certains témoignages ont permis d’éclairer certains aspects du drame, d’autres publications ont entretenu un flou persistant, mêlant affirmations infondées, théories complotistes, exagérations ou encore interprétations personnelles.

Une analyse des contenus les plus largement relayés permet ainsi de mieux comprendre comment cet enchaînement d’événements a servi de vecteur à des dynamiques de désinformation et d’instrumentalisation de l’émotion publique.” où elle a invité une trentaine de ses amis et membres de la famille. Lors de la cérémonie, un de ses cousins est tombé malade vers 1 h du matin et a été vite emmené à l’hôpital, où il décède en route sans même y être arrivé.

Pour mieux cerner les mécanismes à l’œuvre dans cette vague de réactions en ligne, l’équipe de WHAT THE FACT a conduit une analyse à la fois quantitative et qualitative des publications les plus largement partagées sur Facebook. Ce travail permet de dégager les grandes dynamiques de désinformation observées autour de ces intoxications présumées.

Intoxications alimentaires : une viralité numérique traduite en 172 contenus problématiques

Entre le 13 mai et le 24 juin 2025, l’équipe de WHAT THE FACT a identifié 172 publications problématiques en lien avec des intoxications alimentaires, diffusées sur Facebook. Ces contenus concernent majoritairement le drame survenu à Ambohimalaza Imerinkasinina, mais évoquent également d’autres cas signalés à Mahajanga, Toamasina ou Ambositra. Parmi ces publications, 86 relèvent de la malinformation (soit 50 % du total), 78 relèvent de la désinformation (45,3 %) et 8 correspondent à des cas de mésinformation (4,7 %).

La majorité écrasante des contenus problématiques recensés durant la période analysée — soit 89,5 % (154 publications) — provient de groupes de discussion Facebook. À cela s’ajoutent 12 publications (7 %) issues de comptes appartenant à des blogueurs ou à des leaders d’opinion politique, et 6 publications (3,5 %) diffusées par des pages à vocation informative. Ces posts sont recensés à partir d’un échantillon composé de dix profils, comprenant cinq groupes de discussion, un compte de leader d’opinion politique, ainsi que quatre pages, parmi lesquelles figurent des profils de blogueurs, de personnalités publiques et d’acteurs médiatiques.

Les groupes de discussion, principaux vecteur de désinformations

Le rôle central joué par les groupes de discussion (89,5% des contenus analysés) dans la circulation des contenus trompeurs confirme leur fonction de caisse de résonance pour des récits non vérifiés, souvent nourris par des témoignages bruts, des spéculations et des émotions collectives. Toutefois, la présence de contenus problématiques sur des pages informatives (3,5%) ou des comptes publics (7%) souligne qu’aucun type de source n’est totalement à l’abri de la propagation de récits erronés ou alarmistes.

Si les données précédentes permettent de cerner l’ampleur de la désinformation et ses canaux de diffusion, l’examen du contenu des publications problématiques met en lumière les récits qui ont structuré les discussions en ligne. Autour du drame d’Ambohimalaza et des cas similaires, plusieurs thèmes récurrents émergent : bilans erronés, hypothèses multiples sur les causes de l’intoxication, critiques ciblées contre les structures hospitalières, ou encore remises en question de la version officielle des autorités. Ces différents récits, souvent portés par l’émotion ou la défiance, ont contribué à façonner une perception confuse, parfois contradictoire, des événements.

Récits flous, bilans tronqués et hypothèses multiples : Les sujets dominants des contenus trompeurs

L’analyse des publications problématiques recensées révèle une grande diversité de récits, souvent imprécis, parfois sensationnalistes. Un grand nombre d’entre elles évoquent des bilans de décès exagérés, certains allant jusqu’à parler d’une trentaine de morts dès les premières heures suivant le drame d’Ambohimalaza.

Traduction: ⚠️DRAME 😱 LE BILAN S’ÉLÈVERAIT À 30 MORTS SUITE À UNE INTOXICATION ALIMENTAIRE LORS D’UN ANNIVERSAIRE !
La majorité des victimes étaient des étudiants d’un établissement d’enseignement supérieur 😪. Cela s’est produit samedi soir, lors d’un anniversaire organisé à l’Espace Imerikasinina.
➡️ Parmi les personnes décédées figure l’organisateur de l’anniversaire, qui, selon des informations supplémentaires, aurait reçu une voiture en cadeau…!?
➡️ Kael Rasoanaivo, connu sous le nom de “DJ Keka Sushi”, figure également parmi les victimes. Il était le fils de Coach Titi Rasoanaivo.
➡️ Le traiteur est également décédé.
➡️ L’épouse du propriétaire de l’Espace a également perdu la vie.
CE DRAME EST TERRIBLE, ET AUCUN MOT NE SAURA CONSOLER LES VICTIMES ET LEURS PROCHES.
👉 Il est à noter que les victimes étaient un groupe d’#étudiants issus d’un #établissement_supérieur. 😭😭
La page s’incline avec respect devant la mémoire de toutes les personnes disparues et adresse ses sincères condoléances à chacune de leurs familles 🙏

L’équipe de What de Fact a entrepris une vérification du bilan officiel communiqué le 16 juin 2025 concernant le drame survenu à Imerinkasinina. Selon une publication diffusée sur la page Facebook officielle du ministère de la Santé publique ainsi que sur celle diffusée sur la chaîne institutionnelle TVM, le nombre de décès recensés à 18h ce jour-là s’élevait à 12 personnes. Le communiqué précisait également que 43 individus avaient été pris en charge à l’hôpital HJRA à Ampefiloha, dont 13 dans un état jugé grave.

D’autres contenus mettent en cause la prise en charge hospitalière, dénonçant un manque de lits, l’absence de matériel médical ou encore l’incompétence supposée du personnel, parfois accusé de laisser les internes ou les stagiaires traiter les cas les plus graves. Des récits renforcés par des affirmations virales selon lesquelles les coupures d’électricité auraient aggravé l’état des victimes ou rendu impossible l’administration d’oxygène.

Traduction: ‼️‼️ DÉCÈS DE RIANA JUDICKAEL 😭😭‼️‼️
La famille et les proches expriment leur profonde tristesse face à cette perte. Ils déplorent que ce soient principalement des stagiaires qui aient pris en charge le patient 😭, et signalent que l’électricité a été coupée à cinq reprises en une seule journée, aggravant ainsi la détresse du malade 😭. (Un groupe électrogène est disponible, mais le matériel médical de réanimation cesse de fonctionner jusqu’à ce que le groupe prenne le relais).
C’est une situation vraiment désolante. 😭😭😭
Toutes nos pensées accompagnent sa famille dans cette épreuve douloureuse. 😭

Face à ces accusations, notre fact-checking desk a recueilli les témoignages de responsables du CHUJRA afin d’obtenir des éclaircissements.

Dans des déclarations relayées par les médias, notamment par la chaîne audiovisuelle privée KOLO TV, deux responsables du Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUJRA) ont tenu à rassurer sur les conditions de prise en charge. Le docteur Faneva Razafindraibe, chef de l’unité Réanimation-Urgence, a affirmé que l’hôpital applique un protocole de tri médical en cas d’afflux massif, comme cela se fait à l’étranger. Il a précisé que les patients n’étaient pas allongés à même le sol, mais sur des civières, et que leur disposition dans les couloirs visait à faciliter les soins. De son côté, Rakotobe Nomenjanahary, directeur adjoint administratif et financier du CHUJRA, a démenti les rumeurs concernant de longues coupures d’électricité. Il a assuré que l’hôpital est équipé d’un nouveau groupe électrogène, permettant de limiter les interruptions à moins de cinq secondes, sans impact sur le fonctionnement des équipements médicaux vitaux.

Des publications problématiques avancent également plusieurs hypothèses sur les causes de l’intoxication, mêlant produits alimentaires précis — tels que les donuts, la mayonnaise ou l’huile de friture — et explications plus générales comme la rupture de la chaîne de froid ou la contamination par le botulisme.

Traduction: 🚨CE N’EST PAS UNE INTOXICATION ALIMENTAIRE, MAIS UN EMPOISONNEMENT DIRECT QUI A TUÉ ET RENDU MALADE LES 50 PERSONNES 😱

Traduction: M City Imerinkasinina.
Il a été rapporté que l’huile utilisée pourrait être à l’origine de l’empoisonnement. Aucun nom de marque n’a été mentionné, il est donc inutile de spéculer à ce sujet. Il semble toutefois que le traiteur, dans une logique de rentabilité, aurait réutilisé de l’huile déjà chauffée à plusieurs reprises.
Il est important de rappeler que la famille organisatrice avait reçu des plats déjà préparés dans l’espace réservé pour l’événement.
Ceci n’est qu’une réflexion personnelle basée sur ce qui s’est dit sur place.
Dans un autre cas, une élève aurait failli mourir après avoir bu un mélange accidentel de jus et de détergent contenu dans une bouteille recyclée.
Les symptômes observés dans cette affaire ressemblent fortement à ceux du botulisme.
Espérons que mon mauvais pressentiment soit infondé.

Lors d’une conférence de presse tenue le 17 juin 2025, le Général Ravoavy Zafisambatra, directeur de la sécurité et du renseignement auprès du commandement de la Gendarmerie Nationale, a affirmé qu’aucune conclusion ne peut être tirée quant aux causes des décès survenus à la suite des événements tragiques du 14 juin à Ambohimalaza Imerinkasinina, tant que les résultats des enquêtes menées par les forces de défense et de sécurité ne sont pas disponibles. Il a invité la population à se fier exclusivement aux informations fiables et officielles fournies par les autorités compétentes.
De son côté, la ministre de la Communication et de la Culture, également porte-parole du gouvernement, a rappelé qu’il revient au ministère de la Santé publique de s’exprimer à l’issue des différentes investigations relatives à ce drame. Elle a insisté sur l’importance de diffuser des informations vérifiées et scientifiquement établies, tout en lançant un appel solennel à ne pas instrumentaliser ces événements à des fins politiques ni à verser dans la désinformation.
La ministre a également indiqué que des mesures ont été prises pour lutter contre les rumeurs, en invitant les citoyens à se référer aux sources officielles, notamment au compte officiel du CHUJRA, qui publie les bilans actualisés liés à cette affaire.

À ces récits s’ajoutent des théories complotistes évoquant des actes de malveillance délibérés, un sacrifice humain, voire un pacte satanique.

Traduction: SI EMPOISONNEMENT IL Y A EU, ALORS C’EST LE RÉGIME RAJOELINA QUI L’A ORDONNÉ AFIN DE FAIRE UN SACRIFICE HUMAIN POUR CONSERVER LE POUVOIR !!! ET ILS N’OSENT MÊME PAS ANALYSER LA NOURRITURE…

Traduction: On le répète sans cesse : Rajoelina et ses partisans ont fait un pacte satanique, car ils prient l’argent, la gloire, le pouvoir et les richesses terrestres.
Dès le 26 janvier 2009, le feu a ravagé Antananarivo.
Le 7 février, il a sacrifié ses propres partisans dans la zone rouge.
Aujourd’hui, si le peuple, excédé par les délestages, décidait de manifester, pensez-vous vraiment que l’EMMO-REG le laisserait faire ?
Il a prêté serment le 17 janvier 2019, et il y a eu des morts.
Pendant les Jeux des Îles à Mahamasina, il y a eu des morts.
Lors de l’opération Varira, il y a eu des morts. Et ainsi de suite !
Ils pratiquent des sacrifices humains en famille, soyez prudents !
Un esprit démoniaque règne actuellement à Madagascar !
Je présente mes sincères condoléances à mes compatriotes touchés par ces drames.
Mais qu’est-ce qui arrive à nos enfants ?
Ils partent en voyage d’étude et meurent.
Ils fêtent un anniversaire et meurent.
Ils restent à la maison et se font tuer ou violer.
Ils vont à l’école et on les vole.
Confions nos vies à Dieu ! Dès le réveil chaque matin, prions.

Certaines publications remettent même en question la version officielle donnée par les autorités, affirmant que l’empoisonnement défendu lors de la déclaration du 18 juin 2025 ne serait qu’une couverture.
Dans ce flot de contenus, un faux communiqué attribué à l’Organisation mondiale de la Santé a également circulé, prétendant confirmer une hypothèse de contamination alimentaire grave — un exemple typique de contenu fabriqué conçu pour tromper délibérément le public.

Traduction: 🫵🫵SELON CE RAPPORT REÇU PAR L’OMS ET TRANSMIS PAR L’ÉTAT, IL N’EST NULLEMENT QUESTION D’EMPOISONNEMENT CRIMINEL OU VOLONTAIRE.
LE TERME UTILISÉ EST CAS DE BOTULISME DANS TROIS ZONES GÉOGRAPHIQUES, AVEC UN NOUVEAU CAS SIGNALÉ AUJOURD’HUI À AMBATOLAMPY TSIMAHAFOTSY.
👉 Pourtant, auprès de la population malgache, les autorités parlent d’empoisonnement criminel, appellent à interpeller et punir les coupables, et cherchent un bouc émissaire à emprisonner.
➡️ Or, si c’est bien un cas de botulisme ou d’intoxication alimentaire, l’État lui-même porte une part de responsabilité.
Pourquoi ? Parce que :
– Une coupure d’électricité (jiramaty) a peut-être causé une rupture de la chaîne du froid ;
– L’huile utilisée pourrait avoir été de mauvaise qualité ou frelatée, ce qui pourrait impliquer certains producteurs, y compris étrangers ;
– La farine utilisée n’était peut-être pas conforme, voire périmée, et on sait que de la farine avariée circule à Madagascar, ce que beaucoup ont déjà constaté.
❗ Je ne sais pas qui sont les jeunes actuellement arrêtés et je ne défends personne.
Mais ce que je dénonce, c’est le fait de présenter directement l’affaire comme un empoisonnement criminel, sans preuve claire.
Je voulais juste éclaircir la situation comme je la comprends pour le moment.
PS : Le texte d’origine était en anglais, puis traduit en français. À la demande de certains, je l’ai retranscrit ici en malgache.
Merci infiniment pour votre attention et votre solidarité 🙂🙃

Face à la viralité d’un prétendu communiqué de l’OMS, relayé dans la soirée du 20 juin 2025 par une personnalité publique disposant d’un badge bleu d’authentification, et partagé à plusieurs centaines de reprises sur les réseaux sociaux, le bureau de l’OMS à Madagascar a publié un démenti officiel quelques heures plus tard sur sa page Facebook.

Dans sa communication, l’Organisation mondiale de la Santé exprime sa profonde compassion envers les familles touchées par les malaises et les décès survenus lors d’un événement privé.
⚠️ Elle tient toutefois à préciser qu’elle n’a émis aucune hypothèse officielle concernant les causes de ces événements.
L’OMS indique qu’elle soutient les autorités sanitaires nationales dans les investigations en cours, qui relèvent exclusivement de la compétence du ministère de la Santé.
👉 Elle appelle la population et les médias à ne pas relayer de rumeurs non vérifiées, dans le respect des victimes et afin de ne pas entraver le bon déroulement de l’enquête.
🙏 Elle invite enfin chacun à attendre les résultats officiels, qui seront communiqués par les autorités compétentes.

Dans ce contexte d’émotion collective, les auteurs de contenus trompeurs ou non vérifiés ne se contentent pas de relayer des récits : certains cherchent délibérément à orienter la perception des événements selon des objectifs spécifiques. Qu’ils soient politiques, émotionnels ou liés à la quête de visibilité, ces motivations jouent un rôle clé dans la structuration et la diffusion des discours en ligne. L’analyse des publications les plus problématiques permet de mieux comprendre ces intentions sous-jacentes.

Quand l’intox devient intentionnelle : motivations, agendas et leviers émotionnels

Derrière la production des contenus trompeurs liés aux cas d’intoxications mortelles recensés, les motivations des auteurs varient entre émotion spontanée, posture critique envers les institutions et stratégie de viralité calculée. L’analyse des 172 publications problématiques montre que la majorité (66,3 %) émanent de personnes communes ou profils de citoyens lambdas, souvent membres de groupes de discussion Facebook. Ces individus partagent généralement des messages bruts, exprimant leur indignation ou leur peur, sans volonté manifeste de manipuler l’opinion — mais leurs publications, malgré leur apparente sincérité, alimentent parfois la confusion.
D’autres auteurs affichent des intentions plus structurées. 10,5 % des publications sont attribuées à des blogueurs ou personnalités publiques, souvent identifiables par un style rédactionnel plus affirmé, une fréquence de publication plus élevée ou des signes d’autorité perçue (badge bleu, audience engagée). Ces acteurs peuvent avoir un intérêt personnel ou politique à entretenir des récits alarmistes, soit pour renforcer leur visibilité, soit pour orienter l’interprétation des faits dans une direction idéologique.
Un groupe plus flou de publications (6,4 %) émane de sources non identifiées, laissant place à des spéculations sur leur intention : manipulation délibérée ou simple relai d’informations mal comprises ? Ce flou contribue à la propagation de récits viraux, en l’absence de traçabilité claire.
Les professionnels des médias et les pages à vocation informative ne sont pas totalement en dehors de cette dynamique. Bien que plus marginale, leur contribution représente 4,1 % des contenus problématiques recensés. Dans certains cas, des pages médiatiques ont relayé des bilans erronés ou des hypothèses non vérifiées, sans prendre le recul nécessaire pour recouper les informations. Cette implication, même involontaire, renforce la crédibilité de certains récits trompeurs auprès du public, en leur conférant une apparence de légitimité. Elle souligne aussi les risques d’un traitement précipité de l’information, même au sein de structures supposées garantes de la fiabilité des contenus diffusés.

Enfin, l’analyse croisée du niveau de risque et des types de rôles attribués aux auteurs permet de dégager une tendance claire : les contenus à risque moyen sont massivement partagés par des personnes ordinaires, tandis que les contenus à risque élevé — plus rares mais potentiellement plus dangereux — sont souvent liés à des figures publiques ou à des pages aux intentions plus explicites.

En somme, cette analyse des contenus problématiques liés aux intoxications alimentaires mortelles met en évidence des dynamiques particulièrement préoccupantes dans la circulation de l’information en ligne. Portés par une forte charge émotionnelle, de nombreux récits ont été relayés avec empressement, sans vérification préalable, contribuant à installer un climat de confusion et d’incertitude.
La participation de figures publiques, de blogueurs et de pages à vocation informative a amplifié la portée de certaines affirmations erronées, renforçant leur crédibilité aux yeux du public. Les bilans approximatifs, les hypothèses multiples et les récits complotistes se sont entremêlés, rendant difficile toute lecture claire des faits et fragilisant davantage la confiance envers les institutions sanitaires.
Dans un tel contexte, les émotions collectives peuvent être instrumentalisées à des fins diverses, notamment idéologiques ou politiques, au détriment d’une compréhension rigoureuse des événements. Cela rappelle l’importance de renforcer l’esprit critique face aux récits viraux, de privilégier les sources fiables, et de promouvoir une vigilance collective face aux tentatives de manipulation de l’opinion.

Recommandations:

  • Pour la communauté en ligne: Promouvoir une attitude de vigilance face aux informations émotionnellement chargées. Dans un contexte marqué par des drames collectifs, il est essentiel d’adopter une posture de prudence avant de relayer des bilans ou des hypothèses. Prendre le temps de consulter les sources officielles (ministère, CHUJRA, OMS, etc.) contribue à limiter la propagation involontaire de contenus trompeurs et à préserver un climat d’échange plus serein en ligne.
  • Pour les administrateurs de groupes sur Facebook: Encourager une modération active et bienveillante des publications sensibles. La mise en place de règles claires concernant la vérification des informations, notamment celles reposant sur des témoignages non sourcés ou fortement émotionnels, peut contribuer à limiter les dérives. En période de crise, un rappel collectif sur l’importance de la responsabilité numérique permet de préserver un espace d’expression respectueux et constructif.
  • Pour les médias: Renforcer les pratiques de vérification et de contextualisation. La mention explicite des sources, des dates et des circonstances dans lesquelles les informations sont recueillies constitue un gage de rigueur. Cette démarche éditoriale participe à la lutte contre les interprétations erronées, tout en renforçant la confiance du public dans les canaux d’information fiables.
  • Pour les organisations de la société civile (OSC): Intégrer l’analyse critique des récits viraux dans les actions d’éducation aux médias. Les formations et ateliers de sensibilisation peuvent être l’occasion de déconstruire les ressorts émotionnels de certains récits et d’encourager les citoyens à interroger les intentions, les sources et les mécanismes de diffusion des contenus. Une telle approche permet de renforcer la résilience collective face à la désinformation en période de crise sanitaire ou sociale.

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